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finit pourtant par consentir. Mais Chrémyle a bon cœur : il ne veut pas être seul riche et il envoie chercher ses voisins pour qu’ils partagent avec lui les faveurs de Plutus.

Ils arrivent : ce sont eux qui forment le chœur de la pièce.

On décide que, pour rendre la vue à Plutus, on le fera coucher une nuit dans le temple d’Esculape, le dieu des médecins et des malades. Ils partent donc, mais en route une femme les arrête. C’est la Pauvreté. Elle veut les empêcher de poursuivre leur dessein et cherche à leur prouver que, si tout le monde est riche, il n’y aura plus ni artistes, ni artisans, ni serviteurs : par conséquent, que, les richesses devenant inutiles, chacun sera forcé de travailler ; c’est elle qui procure aux riches toutes leurs jouissances, en forçant l’ouvrier, par le besoin, à travailler pour gagner sa vie. Chrémyle ne veut pas se rendre : confondant la mendicité avec la pauvreté, il fait un tableau frappant d’une extrême misère. En vain la Pauvreté essaye-t-elle de lui faire distinguer l’une et l’autre, en vain montre-t-elle qu’elle sait mieux que Plutus rendre les hommes forts de corps et d’esprit, toutes ces belles raisons ne peuvent convaincre Chrémyle. La malheureuse est chassée ; mais elle déclare, en s’en allant, qu’on la rappellera un jour.

Carion, l’esclave de Chrémyle, revient du temple et raconte à Myrrhine, la femme de son maître, comment Plutus a recouvré l’usage des yeux. Ce récit est une scène fort maligne contre les prêtres d’Esculape. Plutus arrive à son tour : il adore le soleil, qu’il revoit pour la première fois depuis de si longues années ; il salue Athènes, promet de ne plus favoriser que les gens de bien et entre dans la maison de Chrémyle.

Carion reparaît bientôt pour exhaler sa joie.

Un homme de bien qui vient d’être enrichi se présente à lui pour entrer chez Chrémyle et consacrer au dieu ses pantoufles et son vieux manteau ; presque en même temps un de ces délateurs publics si décriés sous le nom de sycophantes, subitement ruiné, vient se plaindre. La manière dont Carion et l’homme de bien se moquent de lui est fort divertissante.

Les dernières scènes sont plus licencieuses. C’est une vieille qui se lamente sur l’infidélité d’un jeune homme qu’elle aimait