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L’ASSEMBLÉE DES FEMMES 401

BLÉPYRUS.

Celui à qui le sort des lettres n’aura assigné aucune table sera éconduit de partout.

PRAXAGORA.

Nullement. Tout le monde aura de tout en abondance, au point que chacun, avec sa torche et le front ceint de sa couronne, se retirera bien ivre chez lui. De plus, les femmes iront à sa rencontre dans les carrefours et lui di- ront : « Viens ici, il y a une jolie fille chez nous. — Viens chez moi, leur criera une autre femme du plus haut de ses appartements, j’en ai une des plus belles et des plus blanches; il te faudra auparavant me montrer ce que tu sais faire. » Les plus laides, qui seront à la poursuite des beaux et jeunes garçons, leur tiendront à peu près ces propos : « Hé, hé 1 où vas-tu ? Tu ne gagneras absolu- ment rien à aller par là ; la loi veut que tu ne sois admis chez les jolies qu’après les hommes laids et camus, ainsi reste dans le vestibule, où tu te livreras sur toi-même à ton goût pervers’. Or ça, dis-moi donc, tout cela est-il de ton goût ?

BLÉPYRUS.

Tout à fait.

PRAXAGORA.

Je vais, en conséquence, aller m’établir sur la place pour y recevoir les biens qu’on va déposer en faveur de la communauté, d’après le décret que je ferai publier par une femme qui aura la voix forte. Ayant été mise à la tête de la république, je ne puis me dispenser de tous ces

  • Rien de plus commun, chez les anciens, que ce vice infâme et

caché, fruit de l’esclavage. Le malheureux, chargé de chaînes, pré- férait s’exténuer, s’énerver ainsi plutôt que de donner la vie à un être destiné aux mêmes malheurs que lui. (B.j

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