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sombre nuit, spectre horrible, enveloppé d’un crêpe noir, ayant le regard farouche et des griffes épouvantables ? Ô mes servantes, allumez la lampe ; allez puiser, avec vos cruches, de l’eau dans le fleuve, et faites-la chauffer, pour que je me purifie après ce divin songe[1]. Ô dieu de la mer ! C’est cela… Ô vous, mes amies, examinez ces prodiges… Glyca s’est sauvée avec mon coq. Nymphes des montagnes !… Ô Mania, saisis-la !… Et moi, infortunée, j’étais alors tout entière à mon ouvrage… Je, eï, eï, eï, eï, eï, dévidais le lin qui garnissait mon fuseau, j’en faisais un peloton pour le porter et le vendre de grand matin au marché…! Pour lui, il s’élevait dans l’air par une légère agitation de ses ailes ; il m’a laissé les soucis, et, infortunée que je suis, mes yeux étaient baignés de larmes… Mais, ô Crétois, enfants du mont Ida, accourez avec vos flèches, agitez légèrement vos pieds et investissez la maison. Que, dans le même instant, la déesse des filets, la belle Diane, avec sa meute de chiens, furette dans tous les recoins de la maison ; quant à toi, Hécate, fille de Jupiter, prends deux torches dans tes mains agiles, éclaire mes recherches chez Glyca, afin que j’y découvre le fruit de son larcin. »

Bacchus.

Laisse là ces vers.

Eschyle.

C’est bien assez pour moi aussi ; je veux juger de ce drôle avec ma balance, qui seule te fera connaître ce que vaut la poésie de l’un et de l’autre, car elle déterminera le poids de chaque expression.

  1. Après des songes sinistres, la coutume était de se purifier avec de l’eau de mer ou de rivière.