Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/353

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bacchus.

Allons, vite. Mais point de travaux.

Euripide.

« Quoi ! il envoie contre les deux princes des Grecs et contre la fleur de la Grèce, phlattothrattophlattothrat ; le Sphinx épouvantable, ce chien pourvoyeur, phlattothrattophlattothrat. L’intrépide oiseau armé du fer de la vengeance, phlattothrattophlattothrat, faisant courir sur les chiens téméraires qui sillonnent les airs, phlattothrattophlattothrat, parce qu’il est favorable à Ajax, phlattothrattophlattothrat[1]. »

Bacchus.

Qu’est-ce que ce phlattothrat ? Est-ce à Marathon, ou ailleurs, que tu as appris ce chant de cordier ?

Eschyle.

D’une bonne chose, j’en ai fait une autre bonne chose, pour ne point paraître cueillir chez les Muses les mêmes fleurs que Phrynichus. Mais tout ce qu’on entend dire à Euripide est copié d’après tous les propos des prostituées, d’après les scolies de Mélithus, d’après les airs de flûtes des Cariens, d’après des lamentations et d’après les chansons des danseurs. C’est ce que je vais démontrer à l’instant. Qu’on m’apporte une lyre. Mais qu’en est-il besoin ? et n’y a-t-il point par là une de ces petites femmes qui jouent avec des morceaux de pots cassés en place de

  1. Tout ce morceau parodie l’Agamemnon d’Eschyle. Aristophane ne paraît pas avoir cherché à y mettre de suite. Il a seulement voulu persiffler Eschyle sur son affectation à rechercher des mots sonores, bruyants et insignifiants : c’est pour cela que ce comique a fabriqué son mot Phlattothrattophlattothrat. (B.)