Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils sont tous très au fait, et chacun a son livre où il se forme à la sagesse ; ils ont d’ailleurs beaucoup d’esprit et ils sont des plus clairvoyants. N’ayez donc pas d’inquiétude et faites ici usage de tous les moyens : vous parlez devant des spectateurs éclairés.

Euripide.

Voyons d’abord ses prologues : c’est la première chose qu’on trouve dans une tragédie, et c’est ce qu’il faut éplucher en premier lieu dans ce docte poète ; or il n’y brillait pas par la clarté.

Bacchus.

Et quel prologue vas-tu examiner ?

Euripide.

Un très grand nombre. Récite-moi d’abord celui de l’Orestie.

Bacchus.

Que tout le monde se taise. Eschyle, récite.

Eschyle.

« Mercure souterrain, qui veilles aux États paternels, sois, je t’en conjure, mon sauveur et mon soutien ; je viens dans ce pays et reviens. »

Bacchus.

As-tu là quelque chose à reprendre ?

Euripide.

Plus de douze fautes.

Bacchus.

Et en tout cela, il n’y a pas plus de trois vers.

Euripide.

Mais chacun d’eux a une vingtaine de fautes.