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Bacchus.

Je n’y songe pas, à la vérité, mais j’en viens au fait. Quitte cette peau.

Xanthias.

Voyez comme on me traite, grands dieux, et vengez-moi.

Bacchus.

Quels dieux ? N’est-ce pas imbécillité et sottise de ta part de te croire le fils d’Alcmène, toi qui n’es qu’un esclave et un mortel ?

Xanthias.

Fort bien. Reprends ton accoutrement. S’il plaît à dieu, le hasard permettra, peut-être, que tu aies quelque jour besoin de moi.

Le chœur.

Il est d’un homme sage et prudent, et qui a beaucoup navigué, de se porter toujours sur le côté du vaisseau qui enfonce le moins dans l’eau plutôt que de rester, comme une statue, dans la même posture. Mais changer sa position pour une meilleure, il n’y a qu’un homme adroit, qu’un Théramène qui en soit capable.

Bacchus.

Ne serait-ce donc pas le comble du ridicule de voir un Xanthias, un simple esclave, couché à côté d’une danseuse, sur des tapis de Milet, et m’ordonner de lui porter le pot-de-chambre ? En le voyant je me gratterais, mais ce drôle-là, qui n’est qu’un maraut, dès qu’il s’en apercevrait, ne manquerait pas de me donner un coup de poing dans la mâchoire, et de m’enfoncer les dents de devant.