Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

NOTICE SUR LES OISEAUX.


La comédie des Oiseaux est de toutes les pièces d’Aristophane celle dont le cadre est le plus étrange et la composition la plus fantastique. Il n’y en a pas une qui puisse lui être comparée, comme jeu étonnant d’une imagination riche, souple, badine, railleuse, effleurant tout, glissant d’un essor rapide dans les libres espaces de la poésie, semblable aux créatures ailées que l’auteur met en scène. C’est, ajoute M. Talbot[1], une féerie gaie, séduisante, bigarrée de ravissantes broderies, tout étincelante de verve et d’esprit, sans violentes invectives et sans coups de boutoir.

Deux citoyens, Pisthétérus ou Fidèle-Ami, et Évelpide ou Bel-Espoir, fatigués de la vie agitée et vide que l’on mène à Athènes, prennent la résolution d’aller habiter parmi les oiseaux. Les voilà partis, guidés par un geai et une corneille. Ils vont d’abord trouver la Huppe, parce que la Huppe ayant jadis appartenu au genre humain, alors qu’elle était Térée, ils espèrent qu’ils en seront bien accueillis. Ils lui demandent de convoquer les oiseaux. Ceux-ci réunis, Pisthétérus leur rappelle que l’empire du monde leur a jadis appartenu et les exhorte à le reprendre sur Jupiter. Ils y arriveront s’ils entourent l’air d’une vaste muraille qui empêchera les dieux de descendre chez les hommes et forcera les hommes à sacrifier d’abord aux oiseaux avant de pouvoir sacrifier aux dieux. Le projet de Pisthétérus est adopté. On se met donc à construire Néphélococcygie ou la Ville des Nuées et des Coucous.

À peine la consécration de la ville nouvelle est-elle commencée qu’arrivent une foule d’aventuriers qui viennent cher-

  1. Histoire de la littérature grecque.