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LE SYKOPHANTE.

Mon bon, ne me donne pas des conseils, mais des ailes.

PISTHÉTÆROS.

En te parlant ainsi, je te donne des ailes.

LE SYKOPHANTE.

Et comment, avec des paroles, donnes-tu des ailes à un homme ?

PISTHÉTÆROS.

Les paroles donnent des ailes à tout le monde.

LE SYKOPHANTE.

À tout le monde ?

PISTHÉTÆROS.

N’entends-tu pas, chaque jour, des pères, chez les barbiers, tenir à des jeunes gens ce langage : « C’est au plus haut point que les discours de Diitréphès ont donné à mon fils des ailes pour l’équitation » ? Un autre dit que son fils s’est envolé vers la tragédie sur les ailes de l’esprit.

LE SYKOPHANTE.

Ainsi les discours donnent des ailes ?

PISTHÉTÆROS.

C’est ce que je dis. Les discours font prendre l’essor à la pensée ; ils enlèvent l’homme : c’est ainsi que moi je veux te donner des ailes par de sages discours et te tourner vers un métier honorable.

LE SYKOPHANTE.

Mais je ne veux pas !