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HERMÈS.

Zeus, mon pauvre homme, veut vous entasser tous dans le même plat, et vous jeter ensemble dans le Barathron.

KARIÔN.

On coupe la langue au porteur de semblables nouvelles ! Mais pourquoi songe-t-il à nous traiter de la sorte ?

HERMÈS.

Parce que vous avez fait la pire de toutes les choses. Depuis que Ploutos a recommencé à voir clair, ni encens, ni laurier, ni gâteau, ni victime, personne ne sacrifie plus la moindre offrande aux dieux.

KARIÔN.

Et, de par Zeus ! nul ne vous offrira rien ; car jadis vous ne songiez guère à nous.

HERMÈS.

Pour ce qui est des autres dieux, j’en ai un médiocre souci ; mais moi, je me meurs, je suis anéanti.

KARIÔN.

Tu as raison.

HERMÈS.

Autrefois, dans les cabarets, j’avais, dès le matin, et sur-le-champ, toutes sortes de bonnes choses, gâteaux au vin, miel, figues, tout ce qu’il plaît à Hermès de manger. Aujourd’hui, réduit à la misère, je demeure couché les jambes croisées.

KARIÔN.

N’est-ce pas de toute justice, toi qui faisais condamner à l’amende ceux qui te procuraient ces biens ?