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UNE SERVANTE.

Ô peuple heureux, heureuse moi-même, et très heureuse ma maîtresse ; et vous qui êtes devant ces portes ; et vous tous, voisins, habitants du dême, et moi, outre les autres, simple servante, qui ai parfumé ma tête de bonnes essences, j’en atteste Zeus ! Mais plus exquises encore que tout cela sont les amphores de vin de Thasos : le fumet en reste longtemps dans la tête, tandis que tous les autres arômes s’évaporent. Oui, les amphores sont de beaucoup préférables, de beaucoup, grands dieux ! Verse-moi d’un vin pur ; il inspire la gaieté toute la nuit, quand on a su choisir celui qui a le meilleur bouquet. Mais dites-moi, femmes, où est mon maître, l’époux de celle qui m’a prise à son service ?

LE CHŒUR.

En restant ici, nous pensons que tu le trouveras.

LA SERVANTE.

Effectivement ; le voici qui vient dîner. Ô mon maître, homme heureux, trois fois heureux !

LE MAÎTRE.

Moi ?

LA SERVANTE.

Toi, vraiment ; et pas un autre homme. Car peut-on être plus fortuné que toi, qui, sur une population de plus de trente mille citoyens, es le seul qui n’ait point dîné ?

LE CHŒUR.

Oui, tu viens de désigner nettement un heureux homme.