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que je me coupe en deux pour baiser l’une et l’autre. Comment pourrais-je mouvoir deux rames à la fois ?

DEUXIÈME VIEILLE.

Tout bonnement : tu n’as qu’à manger une casserole d’oignons.

LE JEUNE HOMME.

Est-il malheur égal au mien ? Me voici près de la porte ; on m’entraîne.

TROISIÈME VIEILLE, à l’autre vieille.

Cela ne t’avancera pas beaucoup ; j’entrerai avec toi.

LE JEUNE HOMME.

Non, de par tous les dieux ! Mieux vaut encore subir un seul mal que deux.

TROISIÈME VIEILLE.

Par Hékatè ! que tu le veuilles ou non, ce sera.

LE JEUNE HOMME.

Ô triple malheur ! Il faut satisfaire cette vieille puante la nuit tout entière et le jour ; puis, une fois délivré de celle-ci, j’ai affaire à une Phrynè, qui a un lékythe aux mâchoires. Suis-je assez malheureux ? Oui, par Zeus Sauveur ! je suis un homme bien misérable d’être emprisonné avec de pareilles bêtes. Toutefois, s’il m’advient une série continue de malheurs, en naviguant sur ces deux catins, qu’on m’enterre sur le seuil même de l’entrée ; puis, que celle qui survivra, placée sur l’entablement de mon tombeau, soit enduite de poix, les pieds garnis de plomb fondu autour des talons, et dressée en guise de lékythe.