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BLÉPYROS.

Pour croquer tout ?

PRAXAGORA.

Non, de par Zeus ! mais pour y dîner.

BLÉPYROS.

Et celui pour qui ne sera pas sortie la lettre indicatrice du dîner, sera-t-il évincé par tous ?

PRAXAGORA.

Il n’en sera point ainsi chez nous. Nous fournirons tout à tous en abondance, si bien que chacun, pris d’ivresse, s’en ira couronné, et sa torche à la main. Les femmes, allant au-devant de vous, dans les carrefours, après le repas, vous diront : « Viens ici près de nous : il y a là une jolie fille. — Chez moi, criera une autre bien haut, de l’étage supérieur, il y en a une très belle et très blanche ; mais il faut commencer par coucher avec moi. » Les plus laids suivront les jolis garçons en disant : « Où cours-tu, jeune homme ? Tu ne gagneras rien d’aller ainsi. Les camus et les laids ont droit aux premières caresses : vous, cependant, sous le vestibule, maniez les feuilles du figuier à deux fruits, et amusez-vous. » Eh bien, maintenant, dis-moi, tout cela vous plaît-il ?

BLÉPYROS.

Tout à fait.

PRAXAGORA.

Il faut, à présent, que je me rende à l’Agora, afin de recevoir les biens mis en commun ; je vais prendre pour héraut une femme qui ait une bonne voix. Force m’est d’agir