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KHRÉMÈS.

Une affluence d’hommes, telle qu’on n’en vit jamais d’aussi épaisse dans la Pnyx. En les voyant, nous les prîmes tous pour des cordonniers. En effet, on avait sous les yeux une assemblée de visages excessivement blancs. Voilà comment je ne reçus rien, ni moi, ni bien d’autres.

BLÉPYROS.

Alors, je ne recevrais rien, si j’y allais maintenant ?

KHRÉMÈS.

Le moyen ? Pas même, j’en atteste Zeus ! si tu étais venu dès le second chant du coq.

BLÉPYROS.

Malheureux que je suis ! « Antilokhos, pleure sur ma vie plutôt que sur le triobole ! » Car tout mon avoir est perdu… Mais quelle affaire a réuni de si bon matin une si grande foule ?

KHRÉMÈS.

Rien, sinon que les Prytanes ont mis en délibération les moyens de sauver l’État. Aussitôt le chassieux Néoklidès a paru le premier. Alors le peuple s’est mis à crier avec une force que tu peux te figurer : « N’est-il pas indigne que cet homme ait le front de prendre la parole, et cela quand il s’agit du salut de l’État, lui qui n’a pas su sauver ses paupières ? » Lui, alors, criant et jetant les yeux autour de lui : « Que devais-je donc faire ? » dit-il.

BLÉPYROS.

« Broyer de l’ail avec du jus de silphion, en y mêlant du