Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LE CHŒUR.

Rusé toujours et partout, tel est le caractère essentiel de l’homme. Parle-moi, cependant. Peut-être as-tu par devers toi quelque avis utile que tu négliges de me dire, ou quelque moyen d’étendre ma puissance, qui a échappé à mon manque de pénétration. Toi, dis-moi ce que tu veux faire dans notre intérêt mutuel ; car si tu réussis à me procurer quelque avantage, le profit en sera commun. Et, d’abord, pour quel motif es-tu venu ? quelle a été ton intention ? Dis-le hardiment ; nous ne romprons point la trêve avant de t’avoir entendu.

PISTHÉTÆROS.

De par Zeus ! j’en brûle d’envie : j’ai un discours en pâte, que rien ne m’empêche de pétrir. Esclave, apporte une couronne. De l’eau à verser sur les mains ! Qu’on me l’apporte vite.

EVELPIDÈS.

Est-ce que nous allons nous mettre à table, ou quelque chose comme cela ?

PISTHÉTÆROS.

Non, de par Zeus ! mais j’essaie de dire quelque chose de grand, de succulent, qui remue l’âme de ceux qui sont là : tant je souffre pour vous qui, jadis, ayant été rois…

LA HUPPE.

Nous, rois ? Et de qui ?

PISTHÉTÆROS.

Vous ! De tout ce qui existe ; de moi, d’abord, de celui--