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liers pleins de fruits ou de liqueur bachique, tu es notre confidente, et ta complicité ne bavarde pas avec les voisins. Aussi connaîtras-tu les desseins actuels, que j’ai formés, à la fête des Skira, avec mes amies. Seulement, nulle ne se présente de celles qui devaient venir. Cependant voici l’aube : l’assemblée va se tenir dans un instant, et il nous faut prendre place, en dépit de Phyromakhos, qui, s’il vous en souvient, disait de nous : « Les femmes doivent avoir des sièges séparés et à l’écart. » Que peut-il être arrivé ? N’ont-elles pas dérobé les barbes postiches, qu’on avait promis d’avoir, ou leur a-t-il été difficile de voler en secret les manteaux de leurs maris ? Ah ! je vois une lumière qui s’avance : retirons-nous un peu, dans la crainte que ce ne soit quelque homme qui approche par ici.

PREMIÈRE FEMME.

Il est temps, avançons ; tout à l’heure, quand nous nous sommes mises en marche, le héraut de la nuit disait pour la seconde fois : « Cocorico ! »

PRAXAGORA.

Et moi, à vous attendre, j’ai veillé toute la nuit. Mais, voyons, je vais avertir la voisine, en grattant légèrement à la porte ; car il ne faut pas que son mari la voie.

PREMIÈRE FEMME.

J’ai entendu, en me chaussant, le frôlement de tes doigts ; je ne dormais pas. Mon mari, ma chère, un marin de Salamis, m’a tournée et retournée toute la nuit entre les draps, et c’est tout à l’heure que j’ai pu prendre ses habits.