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à une seule bataille navale soient tout de suite des Platæens, et d’esclaves deviennent maîtres. Ce n’est pas que je dise que la mesure n’a pas été bonne ; je l’approuve : c’est le seul acte de bon sens que vous ayez fait. Mais il convient aussi que ceux qui ont pris part avec vous, ainsi que leurs pères, à de nombreux combats sur mer, et vos alliés par la race, obtiennent le pardon, réclamé par eux, d’une faute unique. Relâchez-vous de votre colère, hommes d’une nature très sage ; faisons de bon gré nos parents et nos concitoyens honorés tous les hommes qui ont pris part à nos combats sur mer. Si nous sommes si arrogants et si renchéris sur ce point, au moment où la ville est à la merci des flots, dans l’avenir nous ne semblerons pas avoir gardé notre bon sens.

Si j’ai l’esprit assez juste pour voir la vie et le caractère de ceux qui auront bientôt à gémir, c’est le tour de ce singe, qui trouble maintenant la ville, du petit Kligénès, le pire de tous les baigneurs, qui emploient un mélange de sable, de cendre, de pseudonitre et de craie de Kimolos : il n’attendra pas longtemps. Voyant cela, il n’a rien de pacifique ; car de peur d’être dépouillé, quand il est ivre, il ne marche jamais sans bâton.

Souvent la ville nous a paru en user à l’égard des citoyens beaux et bons, comme pour la vieille monnaie et la nouvelle. Les premières ne sont pas falsifiées : ce sont les plus belles de toutes les monnaies, à ce qu’il semble, les seules frappées au bon coin et d’un son légal ; et cependant, nulle part, ni chez les Hellènes, ni chez les Barbares, nous n’en faisons usage, préférant ces méchantes pièces de bronze, frappées hier ou avant-hier au plus mauvais coin. Il en est de même pour ceux des citoyens que nous savons bien nés, modérés, hommes justes, beaux