Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

près. Les vieillards, qui naguère épousaient de jeunes femmes, il les a si bien calomniés, que pas un vieillard aujourd’hui ne veut se marier, sur la foi de ce vers :

Vieillard qui se marie a pour femme un tyran.


C’est encore à cause de lui que sur les gynécées on applique des cachets et du bois pour nous garder, et que l’on nourrit des chiens molosses, épouvantail des amants. Or, cela même est excusable ; mais nous n’avons plus, comme autrefois, la liberté de disposer à notre gré, dans le ménage, de l’orge, de l’huile, du vin : cela nous est interdit. Les hommes portent toujours sur eux des petites clefs secrètes, tout ce qu’il y a de plus perfide, venant de Lakonie, munies de trois crans. Avant cela, pour ouvrir une porte, nous usions d’un cachet semblable au leur, du prix d’un triobole ; mais maintenant cette peste d’Eurpidès les a stylés à faire usage de cachets de bois vermoulu. Je suis donc d’avis maintenant de nous défaire de notre ennemi d’une manière quelconque ; soit par le poison, soit par tout autre moyen, pourvu qu’il meure. Voilà ce que je dis hautement : pour le reste, je le consignerai sur le registre de la secrétaire.

LE CHŒUR.

Jamais je n’ai entendu femme pérorer avec plus de sagacité, ni s’exprimer avec plus d’éloquence. Tout ce qu’elle dit est juste : elle a scruté toutes les idées, elle a tout pesé dans la balance du bon sens, elle a trouvé divers arguments serrés avec justesse et heureusement rencontrés, si bien que si Xénoklès, fils de Karkinos, parlait à côté d’elle, vous jugeriez toutes, je crois, qu’il ne dit rien qui vaille.