Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 1.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

HERMÈS.

Alors le peuple travailleur, revenu des champs à la ville, ne s’aperçut pas qu’il était vendu de la même manière qu’auparavant, mais n’ayant plus un pépin de raisin et aimant les figues, il regarda du côté des orateurs. Ceux-ci, connaissant la gêne des pauvres et leur manque d’orge, chassèrent la Déesse à coups de fourches à deux pointes et de cris, toutes les fois qu’elle reparaissait animée de tendresse pour ce pays. En même temps ils portaient le désordre chez les plus riches et les plus opulents de nos alliés, accusant l’un ou l’autre d’être partisan de Brasidas. Vous vous jetiez sur le malheureux, comme des chiens, pour le mettre en pièces. La ville pâle, épuisée de crainte, saisissant ce que lui jetait la calomnie, en faisait avec plaisir sa pâture. Voyant les coups que frappaient ces gens-là, les étrangers, témoins de leurs actes, leur fermaient la bouche avec de l’or. C’est ainsi qu’ils s’enrichirent, tandis que la Hellas se mourait à votre insu. Et la cause de cela était un corroyeur.

TRYGÆOS.

Assez, assez, seigneur Hermès, n’en parle plus ; laisse ce personnage là où il est, sous terre : il n’est plus à nous, cet homme, il est à toi. Tout ce que tu dirais de lui, quoique de son vivant ce fût un fourbe, un bavard, un sykophante, un brouillon, un perturbateur, tout cela serait aujourd’hui une insulte à l’un des tiens. Mais pourquoi gardes-tu le silence, vénérable Déesse ? Dis-le-moi.

HERMÈS.

Elle ne saurait parler devant les spectateurs : elle a