tu saurais la découper dans le vif et l’accommoder comme il faut ; mais veux-tu savoir ce qu’il me semble que tu as éprouvé ? Ce qui arrive à tout le monde. Si, par hasard, tu as gagné une toute petite cause contre un métêque, durant la nuit, tu t’es mis à marmotter, à te parler à toi-même dans les rues, buvant de l’eau, importunant tes amis ; et tu te figures que tu es capable de parler ? Pauvre fou !
Et que bois-tu donc, toi, pour que, maintenant, la ville, abasourdie par ton unique bavardage, soit réduite au silence ?
Mais quel homme m’opposerais-tu, à moi ? Aussitôt que j’aurai avalé du thon chaud, et bu par là-dessus une coupe de vin pur, je me moquerai des stratèges de Pylos.
Moi, quand j’aurai englouti une caillette de bœuf et un ventre de truie, et, par là-dessus, bu la sauce, à moi seul, je mettrai à mal les orateurs, et j’épouvanterai Nikias.
Tes paroles ne me déplaisent point ; mais il y a une chose qui ne me va pas dans ces affaires, c’est que tu es seul à boire la sauce.
Et toi, ce n’est pas en avalant des loups de mer que tu battras les Milésiens.