Page:Aristide Michel Perrot - Collection historique des ordres de chevalerie civils et militaires (1820).djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(viii)

Le temps, qui détruit tout, détruit aussi la pureté des plus belles institutions, et c’est ce que la chevalerie prouva par sa décadence : le zèle des chevaliers s’affaiblit, plusieurs déshonorèrent leur épée, leur nombre diminua ; mais à leur place on vit bientôt de véritables guerriers se distinguer du reste des hommes par leur courage et leurs vertus ; et ces guerriers, que les ténèbres de leur siècle tenaient encore soumis à toute l’influence du fanatisme, formèrent ces fameuses armées de Croisés que l’ignorance envoya périr aux bornes de notre hémisphère, pour conquérir sur des peuples barbares la terre qui renfermait le tombeau de Jésus-Christ.
Maîtres de Jérusalem et du Saint Sépulcre, les rois chrétiens sentirent la nécessité d’en confier la garde à un corps de chevaliers, et de là naquirent les ordres de Saint-Jean, du Saint-Sépulcre, de Saint-Lazare, l’ordre Teutonique et celui des Templiers : ce dernier acquit les richesses immenses que l’on a vu accumulées sur lui, et qui, quelques siècles après, causèrent son entière dissolution et la fin tragique de ses membres. L’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean, moins riche et plus utile, fut approuvé de la philosophie même ; ses chevaliers faisaient vœu de secourir tous les Chrétiens infortunés. Les chevaliers de cet ordre, après la perte de la Terre Sainte, se retirèrent dans l’île de Rhodes, soutinrent avec une intrépidité inouïe les efforts de