Page:Argis - Sodome, 1888.djvu/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
SODOME.

croisés, les yeux fixés sur un bâtonnet placé sur la table, le fait remuer : une boussole, sous son action immatérielle et invisible, dévie, et la petite aiguille bleuie quitte brusquement le Nord qu’elle indique.

Soudain, sans ouvrir de porte et sans se lever, le bramine disparaît au travers du mur, et Soran reste seul ébahi.

D’autres fois, le même bramine, lançant une corde dans les airs, s’enlève, s’annihilant sous les yeux étonnés des assistants.

Avant ses voyages, Jacques avait entendu raconter de tels faits : sans les nier, il ne niait jamais, il ne les admettait qu’avec une prudente réserve, mais, pour son plus grand embarras, il les avait observés lui-même ;

Il devait maintenant se les expliquer.

Après bien des tâtonnements et des réflexions, deux hypothèses possibles se présentaient à son esprit, la première plus vraisemblable, la seconde si séduisante :

Devant les enthousiasmes périodiques des peuples, devant l’action merveilleuse de certains individus sur les masses, aux époques de foi ; après les résistances d’une poignée d’hommes aux suprêmes étreintes convulsives et puissantes d’un empire agonisant ; en présence d’une