le reconnut. Ce n’était plus la mine hâve et boutonneuse du rhétoricien de jadis : l’usage des femmes avait assaini ce visage et une jolie barbe en pointe, une fine moustache, un bon tailleur, faisaient présager des succès ; Giraud, très à l’aise, reconnut Soran ; il le présenta à sa maîtresse : elle fut aimable puisque Jacques était beau et timide. Giraud était très gai, n’ayant plus que sa thèse à finir pour être reçu docteur en médecine, et, tout de suite, il dit à Jacques :
— Qu’est-ce que tu prends ?
— Mais,… rien ; … j’ai déjà bu deux bocks avec peine.
— Allons, voyons… tu ne m’en veux pas, je suppose, des petites histoires d’autrefois ; des bêtises, tout ça ! Quand on est jeune… Allons, prends quelque chose. Garçon ! un bock pour monsieur.
— Non, merci, dit Jacques, pas de bière.
— Ah ! ah ! mon gaillard, fit Giraud, en riant aux éclats, tous mes compliments. Charles, donnez donc un orgeat à monsieur.
Soran s’étonnait que cette consommation fût si comique et il se laissa faire.
— Messieurs, l’on ferme ! dit le patron. Il est deux heures… je vous en prie…
Alors le fracas fut épouvantable. Toute cette