que ça, le bordel ? — Reviens ici, demain soir : je te le dirai et nous nous amuserons bien. »
Giraud avait dit toutes ces choses avec l’air jouisseur de dire des saletés à un petit.
Ils s’en allèrent séparément vers le collège.
Le lendemain matin, en descendant à l’étude, Soran prit dans sa case un petit dictionnaire, et, tout de suite, il voulut y chercher bordel : la préface, d’abord, lui donna une vague désillusion ; un grave professeur sans doute, l’auteur de ce livre, savait avec quel soin scrupuleux doit être fait tout livre destiné à la jeunesse « et, dans les pages préliminaires, il semblait candidement prier les lecteurs de bien vouloir chercher les « vilains mots » pour s’assurer qu’on ne les y trouve pas. Soran fit ainsi.
Il passa d’abord par bordée, terme de marine, puis par bordereau ; mais, entre les deux, bordel n’était pas à sa place alphabétique.
Il en conclut que bordel était un vilain mot.
Dans la journée, un camarade, avec un petit air mystérieux, le prit à part, en récréation, et lui tendit quelque chose en le cachant. « Qu’est-ce, dit Soran ? — Un billet ; Giraud me l’a donné pour toi, à l’infirmerie. »
Très malin, ce Giraud : il avait dans son sac une collection de trucs pour se trouver toujours