saire ; Laus, découragé, incapable de volonté, consentit à tout, et c’est dans une cellule où Jacques tout à coup, comme pour augmenter encore leur douleur, recouvra un instant sa lucidité, que les deux amis se quittèrent.
Jacques Soran n’a-t-il pas assez cruellement expié une aberration dont il fut à peine coupable ? Non, la vie est plus triste, et le châtiment commence dur et injuste.
Ses douleurs physiques sont terribles ; mais que sont-elles auprès des tortures de son esprit ? Toutes les manifestations de la vie disparaissent peu à peu, cependant que la sensibilité et la conscience subsistent seules pour que la souffrance soit aiguë et parfaite. Les principales fonctions d’un organisme jadis puissant sont peu à peu troublées et abolies, mais l’esprit sans lucidité, mais conscient, résiste vivace.
Jacques Soran est là, et les désespérantes hallucinations l’assiègent ; l’hypocondrie, avec son cortège de persécutions et de supplices, l’envahit.
Parfois, il rugit de fureur, ou, se roulant à terre, il pousse des gémissements, se débattant au milieu des ennemis qui l’assaillent…
— Fuyez ! fuyez ! hurle-t-il. Voyez-vous, la pluie de soufre et de feu ! Sentez-vous l’horrible