Page:Argis - Sodome, 1888.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
SODOME.

dispos et comme renouvelé : il voulut essayer de cette sorte de vomitoire qui permet le surmenage à tant de Parisiens, et, une demi-heure après, il était au Hammam.

Il se déshabilla, se couvrit d’un pagne, et entra dans l’étuve.

Fréquenté surtout par les boulevardiers, le Hammam est désert à cette heure. Soran fut donc seul dans une salle sombre et haute en pierre nue, sorte de nef pseudo-mauresque, pseudo-romane ; pas de fenêtres : de la voûte, la lumière tombe couleur d’eau sale, tamisée par une rosace en verres rouges, jaunes et bleus : tout autour, des manières de chapelles servant au massage, ayant, sous des robinets, des bancs de pierre comme à la Morgue.

Soran s’étendit sur une chaise longue, et suffoqua d’abord dans cette atmosphère surchauffée. Il résista, et, au bout de quelques instants, ses membres raidis se détendirent, la sueur ruissela sur son corps, et son esprit se perdit dans le vague.

Jacques Soran, à trente-deux ans, en paraît vingt-cinq au premier abord : mais on devinerait son âge à quelques petits plis des tempes, presque des rides, à sa démarche invinciblement affaissée. Soran est beau, non pas joli ; le corps, cultivé