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Philosophe.

moyens qu’il a mis en nous, qui ſont ſon ouvrage, ſurtout lorſque ces moyens ne troublent point l’ordre établi dans la ſociété. Il n’en eſt pas de même, ma chere fille, de ce qui s’eſt paſſé entre le Pere Dirrag & Mademoiſelle Eradice : ce Pere a trompé ſa Pénitente : il a riſqué de la rendre mere, en ſubſtituant à la place du feint cordon de S. François, le membre naturel de l’homme, qui ſert à la génération. Par là il a péché contre la loi naturelle qui nous preſcrit d’aimer notre prochain comme nous même. Eſt-ce aimer ſon prochain que de mettre, comme il l’a fait Mademoiſelle Eradice dans le hazard d’être perdue de réputation & deshonnorée pour toute ſa vie ? L’introduction, ma chere enfant, & les mouvemens que vous avez vûs de ce membre du Pere dans la partie naturelle de ſa Pénitente, qui eſt la mécanique de la fabrique du genre humain, n’eſt permiſe que dans l’état du mariage : dans celui de fille, cette action peut nuire à la tranquilité des familles, & troubler l’intérêt