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Thérèse

l’intérêt de la ſociété ; que nous y ſommes portés par un beſoin auſſi naturel à certains tempérammens, auſſi néceſſaire à ſoulager, que le ſont les beſoins de la faim & de la ſoif : vous m’avez très-bien démontré que nous n’agiſſons que par la volonté de Dieu, que la nature n’eſt qu’un mot vuide de ſens, & n’eſt que l’effet dont Dieu eſt la cauſe ; mais la Réligion, qu’en direz-vous ? Elle nous défend les plaiſirs de concupiſcence, hors de l’état du mariage. Eſt-ce encore là un mot vuide de ſens ? Quoi, Madame, répondit l’Abbé, vous ne vous ſouvenez donc pas que nous ne ſommes point libres, que toutes nos actions ſont déterminées néceſſairement ? & ſi nous ne ſommes pas libres, comment pouvons-nous pécher ? Mais entrons, puiſque vous le voulez, ſérieuſement en matiere ſur le chapitre des Réligions. Votre diſcrétion, votre prudence me ſont connues ; & je crains d’autant moins de m’expliquer, que je proteſte devant Dieu de la bonne foi avec laquelle j’ai cherché à démêler la