Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lui donner la lettre s’il le rencontrait ; et s’il ne le rencontrait pas, de la lui adresser de France chez le président d’Eguilles. Le voyageur trouva à Bourg-en-Bresse le marquis convalescent et prêt à repartir pour Berlin. La lettre produisit l’effet qu’on devait en attendre. L’ancien courtisan en fut plus irrité qu’affligé. Il en écrivit une autre dont on n’a point su, mais dont il est aisé de deviner le contenu, et s’en retourna dans sa chère retraite, dont il ne sortit plus que pour quelques petits voyages dans la Provence. C’est dans une de ces courses qu’il est mort à Toulouse, des suites d’une indigestion, le 11 janvier 1771[1].

Les papiers publics et les mémoires du temps ont assuré qu’avant de mourir le marquis d’Argens demanda les sacremens ; qu’il lisait l’Evangile dans sa dernière maladie, et qu’il s’était fait recevoir dans une confrérie de pénitens faits qui peuvent s’accorder avec le

  1. On voyait avant la révolution dans l’église des Minimes d’Aix, un beau mausolée de marbre blanc, consacré à la mémoire du marquis d’Argens. L’épitaphe annonce que c’est Frédéric II roi de Prusse, qui lui a fait élever ce monument comme une marque éternelle de sa bienveillance et de son estime pour lui. Ce mausolée a été sculpté par Bridan. Nous avons cru faire plaisir aux lecteurs d’en orner le frontispice de cet ouvrage.