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effet, et il mourut sans avoir pu remplir sa promesse.

« Au milieu de ces souffrances, dit M. Thiébault, il fut arrêté à Bourg-en-Bresse par une maladie longue et très-grave ; la marquise, entièrement occupée à le soigner, ne songea point à écrire au roi et cependant le terme du congé était expiré. Frédéric le soupçonna d’avoir voulu le tromper. On vint chez la sœur de la marquise, et chez tous les académiciens qui avaient eu quelque liaison avec leur directeur, s’informer si l’on n’avait point de ses nouvelles ; et comme il se trouva que personne ne savait rien, et qu’il y avait plusieurs mois qu’il n’était venu aucune lettre, ni de l’époux, ni de l’épouse, les soupçons du roi se changèrent tout-à-coup en certitude. Alors l’indignation et la colère furent extrêmes. Des ordres furent adressés le même jour à toutes les caisses chargées de payer les pensions du marquis, ordres qui enjoignaient d’effacer ce nom sur les états, et défendaient de lui rien payer à l’avenir. Sulzer ayant vu cet ordre à la caisse de l’académie, crut qu’il était de son devoir d’en prévenir d’Argens, et remit en conséquence, mais en secret, une lettre à un voyageur qui promit de s’informer du marquis sur toute la route, et de