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Celui-ci était d’autant plus impatient de retourner dans sa patrie, que dès le voyage qu’il y fit en 1763, son frère lui avait cédé un terrain qu’il desirait à Eguilles, terre dont il était seigneur, pour y bâtir une maison et y former un jardin. Le plan de l’une et l’autre fut arrêté entre les deux frères, et l’on commença de suite les travaux. En 1766 tout fut achevé ; la maison séchée, les jardins plantés et bien entretenus, tout par les soins de M. d’Eguilles son frère, président au parlement d’Aix.

Cependant l’heure avait sonné ; le marquis avait atteint sa soixantième année. Depuis long-temps l’on ne parlait plus de la convention ; quelque adresse que le courtisan eût mise à en rappeler l’idée, le monarque avait témoigné de l’humeur. Il n’eût pu y revenir sans s’exposer à de cruels reproches ou à des mortifications plus cruelles encore. Cette contrainte lui inspirait un chagrin qu’il ne cachait point à ses amis.

En 1768 il insista de nouveau, et pensant peut-être que le roi ne trouverait pas bon qu’il emportât les originaux des lettres que ce prince lui avait écrites, il les lui renvoya après les avoir rangées dans un ordre chronologique, et les accompagna de la lettre suivante :