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le père irenée.

Quel est votre emploi chez le duc, et à quoi lui servez-vous ?

dom pedro.

À vous dire le vrai, je n’en sais rien ; je ne conçois pas encore à quoi je pourrais lui être utile à moins que ce ne soit à lui fournir l’occasion de se divertir par toutes sortes de plaisanteries ; mais comme le bon Dieu ne m’a pas encore doué de ce renoncement à moi-même, qui fait la vertu d’un bon religieux, il m’est plus difficile de m’accoutumer à ces plaisanteries, qu’à vous de chanter vos psaumes.

le père irenée.

Mais, dom Pedro, des plaisanteries ne sont que des plaisanteries ; le révérend père Séraphin, notre gardien, dit son petit mot de plaisanterie tout comme un autre ; cependant tout notre couvent est très-content de lui. Mais de quelle espèce sont donc ses plaisanteries ? ne blessent-elles point la charité chrétienne ?

dom pedro.

Il fait des plaisanteries qui mettraient le père gardien dans un grand embarras, s’il en était l’objet ; je vais vous en donner un exemple.