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lettre où rendant compte à Frédéric de son empressement à le rejoindre, il lui racontait comment le démon de la guerre avait cherché à soulever une brebis fidelle contre son pasteur : « Que le diable voulant faire le mal, n’est presque jamais assez fin ; qu’en ce cas particulier ce génie de discorde avait négligé de consulter l’Almanach royal, livre très-précieux, que l’on n’aime point en enfer, attendu que, comme l’a observé, un roi très-chrétien, c’est, après, les livres saints, celui qui contient le plus de vérités ; que si le diable avait jeté les yeux sur l’Almanach royal, il y aurait vu que la ville d’Aix a un archevêque, et non simplement un petit 'évêque, ainsi que tant de bicoques ; que cette erreur décelait tout à-la-fois l’ignorance et l’œuvre du méchant ; que pour lui, dès qu’il aurait mis son hommage aux pieds de sa majesté, il ferait un traité complet, historique, philosophique et chrétien sur les ruses et les maladresses du malin esprit, et que s’il ne parvenait pas à faire rougir le père du mensonge, il contribuerait au moins à prévenir les âmes simples et honnêtes contre ses pièges ; qu’en attendant il allait écrire à notre Saint-Père le Pape, pour lui dénoncer cette diablerie, en