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gnie de Goltskowski, et qu’il aurait l’honneur de le complimenter. Le roi fit son possible pour le détourner de cette expédition, mais il persista ; enfin Frédéric lui écrivit positivement, avant son arrivée, de ne point faire tous ces préparatifs, et de le dire aussi de sa part aux Berlinois ; ajoutant qu’il arriverait très-tard pour éviter toutes ces cérémonies, qu’il n’aimait pas.

Mais le marquis d’Argens ne se tint pas pour battu ; il fit une longue réponse au roi, dans laquelle il lui prouve, par une longue suite d’argumens, qu’il est obligé de recevoir les complimens de ses fidèles sujets, et qu’il ferait mal de troubler leur joie. Persuadé que cette lettre produirait l’effet qu’il en attendait, il monta, à cheval plein de confiance : c’était le 30 mars 1763 ; il faisait froid et le temps était mauvais ; une foule innombrable était rassemblée auprès de la porte de Berlin, qui porte le nom de Francfort ; on avait attendu le roi dès les deux heures après midi, et à cinq heures on attendait encore ; on murmurait d’impatience et de lassitude.

Au milieu de ce tumulte, dit M. de. Nicolaï, de qui nous empruntons cette anecdote, je rencontrai, par hasard, le marquis ; s’il ne m’eût pas adressé la parole, je n’aurais jamais pu le