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marquis est marié ? — Oui, Sire. — Et depuis quand ? – Depuis quelques années. – Eh quoi ! sans m’en avoir parlé ? — C’était pendant la guerre, et alors on n’eût osé importuner votre majesté de semblables bagatelles. — Et qui donc a-t-il épousé ? — Mademoiselle Cochois. – Mademoiselle Cochois ! c’est une extravagance que je ne souffrirai pas. »

Le roi se calma pourtant à la longue ; mais le marquis fut long-temps sans le voir ; et lorsque, depuis, leur liaison reprit comme avant, jamais Frédéric ne lui parla de sa femme.

Ce n’est pas qu’il ne sût que depuis longtemps il vivait avec mademoiselle Cochois ; le marquis l’avait menée avec lui dans le voyage qu’il fit en France en 1747, et l’on voit par sa correspondance qu’il en parla souvent au roi, qui paraissait craindre que cette actrice ne fût pas de retour à temps pour jouer sur le théâtre de l’opéra de Berlin, à sa reprise.

Mais quoique la marquise d’Argens et son mari demeurassent à la cour, ses premières amours avec mademoiselle Cochois n’en furent pas moins l’objet de satires assez piquantes de la part des jaloux ou des ennemis du marquis, et de la société de Berlin.

Une des plus gaies de toutes celles qui furent