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cours de la guerre de sept ans, et à l’insu du roi ; ce qui fut une des causes qui refroidirent dans la suite l’amitié de Frédéric pour lui. On pensait bien que ces entraves, que se donnait le marquis, déplairaient au roi ; aussi fut-on très-embarrassé de lui en faire la déclaration ; on attendit la conclusion de la paix, et l’on fit intervenir tous ceux qui tenaient à la société philosophique de Sans-Souci. Après une longue délibération sur le moyen d’instruire le roi de ce qui s’était passé, il fut convenu que la marquise d’Argens irait se promener dans les jardins de Sans-Souci, à l’heure où le monarque avait coutume d’y prendre l’air ; que sa toilette serait assez soignée pour attirer l’attention, mais noble et très-décente, et que mylord Marschal se chargerait du reste. Ce plan fut suivi : le lord qui accompagnait Frédéric dans ses promenades, en passant par une allée peu distante de celle où était la marquise, la salua comme on salue une dame que l’on connaît et que l’on respecte. Ce salut donna lieu au roi de demander quelle était cette dame ; mylord Marschal répondit simplement et avec une sorte de négligence, que c’était la marquise d’Argens. « Comment, reprit le roi, et d’un ton sévère, est-ce que le