n’avait fait le roi bien ressemblant, qu’aux yeux trop prévenus, du marquis. »
Il y avait à Berlin une troupe de danseurs et de danseuses que le roi y avait fait venir pour son opéra ; la famille des Cochois était du nombre ; le père et la mère y étaient morts, et les deux filles étaient restées à ce théâtre. Le marquis, dont le sort semblait être de s’attacher à des comédiennes, devint, à l’âge de près de soixante ans, amoureux de l’aînée des deux demoiselles Cochois. C’était une personne plutôt laide que belle, de l’âge de vingt-cinq ans, d’un excellent esprit et douée de beaucoup de connaissances et de talens ; elle peignait fort bien et était sur-tout grande musicienne ; elle savait, outre le français, l’allemand et l’italien, la langue latine, autant qu’une femme peut la savoir, et même un peu de grec qu’elle avait appris par complaisance pour le marquis ; elle avait un caractère doux et réfléchi, honnête et soutenu ; elle avait l’art de réunir, sous l’apparence de la plus grande simplicité, toutes les attentions propres à plaire et à se concilier l’estime générale : c’est M. Thiébault qui en fait cet éloge.
Le marquis, après lui avoir fait quelque temps la cour, l’épousa : le mariage se fit pendant le