Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LETTRE XIII[1].



C’est ici le pays du bon sens et de la liberté : la première de ces qualités entraîne l’autre nécessairement. L’homme, en Hollande, n’est sujet qu’aux lois : ce sont elles seules qu’il craint et qu’il respecte. Libre dans tout ce qui ne va point contre l’état, il ne connaît d’autres maîtres que la vertu et son devoir.

On croirait qu’il y a deux nations en Hollande : le bas peuple et les bourgeois. Le caractère des uns est aussi éloigné de celui des autres, que celui des Français l’est des Portugais. Les bourgeois sont affables, polis, serviables, incapables d’aucun mauvais procédé. La populace y est brutale et insolente jusqu’à l’excès. Il est difficile de la réduire à changer. On peut faire des lois qui ordonnent de servir

  1. Cette lettre comme les précédentes datent d’environ 1740.