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LETTRE XII.



Je n’avais pas moins envie de m’instruire de la religion des Turcs, que de leur façon de penser sur les sciences. Achmet Chelebi n’était pas propre à me fournir ces éclaircissemens ; il était aussi mauvais Turc, que bien des poètes français sont mauvais catholiques. Je sentais qu’il ne me donnerait que de nouveaux doutes sur le ridicule affreux que nous attachons à la croyance musulmane. Je voulais un homme, qui, persuadé de sa religion, voulût la défendre sincèrement. Je me faisais un plaisir de voir si on pourrait excuser cet amas d’extravagances qui sont répandues dans l’Alcoran. Un médecin juif me fit connaître un effendi, appelé Osman, grand théologien turc, et parlant parfaitement l’italien.

Je lui proposai d’abord plusieurs questions. La première fut sur la façon dont Mahomet avait étendu sa religion, je veux dire, sur les violences et les brigandages qu’il avait exer-