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gles apprennent à jouer du violon et de la vielle.

J’ai vu des comédies turques à Constantinople. Les troupes qui jouent devant les hommes n’ont point de femmes, et il n’y a point d’hommes dans celles qui représentent devant les femmes. Ces comédiens n’ont pas de salle ; on les envoie chercher dans les maisons des particuliers qui veulent les voir. Les pièces qu’ils représentent sont des impromptu, tels que la plupart des scènes de notre ancien théâtre italien. Voici le sujet d’une pièce que je vis représenter chez l’ambassadeur de Moscovie :

Un père part de Constantinople pour s’en aller à Alep. Il recommande à son fils une esclave géorgienne, qu’il avait achetée et dont il était amoureux. Son fils devient lui-même sensible aux attraits de la maîtresse de son père. Il ne peut s’empêcher de le lui dire ; elle l’écoute, et vient à l’aimer à son tour. Le fils forme le dessein de l’enlever et d’aller à Andrinople. Le père arrive dans ce temps-là et rompt tous les projets. Le fils tombe dans une affreuse mélancolie. Le père craignant que son fils ne meure, cherche le sujet de sa