L’étude de la philosophie ne sert chez eux qu’à augmenter les ténèbres et le chaos de leur imagination.
Leurs bibliothèques ne sont composées que de théologiens, de romans et de poètes. Ils ont eu quelques grands écrivains ; mais, quelque talent que la nature leur eut prodigué, ils n’ont pu s’affranchir entièrement du génie de la nation. Vous connaissez la Conquête du Mexique ; cette histoire est un morceau à comparer avec ce que l’antiquité nous a laissé de plus parfait. L’auteur est malheureusement tombé dans le récit d’une foule de miracles, dignes d’être écrits par un père Servite ou par un Mathurin.
Miguel de Cervantes est le seul Espagnol dont les ouvrages ne soient pas mêlés de plusieurs traits de dévotion. Il n’a pourtant pas été entièrement exempt du défaut de sa nation ; et, tout grand homme qu’il était, n’a-t-il pu éviter cet écueil dans l’histoire de l’Esclave Algérien : il fait avoir plusieurs conversations à sa maîtresse avec Lesa Maria ; la Madona vient toutes les nuits lui ordonner d’aller en Espagne, et le nœud de cette épisode, une des plus touchantes du livre, n’est fondé que sur un miracle.