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LETTRE VII.



Il ne peut y avoir parmi les Italiens ni historiens ni philosophes ; les grands sujets sont défendus chez eux. L’inquisition est ennemie de la méthaphysique ; cette science ; donne à l’esprit trop de liberté : la vérité de l’histoire passée ne peut se montrer dans un pays où elle condamne perpétuellement les actions et la conduite de ceux qui vivent. Les Italiens n’ont qu’un seul historien ; encore est-il vénitien ; Fra Paolo a saisi le moment pour écrire que la République était brouillée avec la cour de Rome.

Vous connaissez leurs bons poètes le Tasse, l’Arioste, le Guarini, le Pétrarque. Depuis eùx, le temps n’a pas formé de poètes qui les aient égalés, ou même approchés. Les théologiens écrivent perpétuellement en Italie, et ne causent jamais de schismes ; ils font de gros volumes qu’ils n’entendent point,