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ment les offres du marquis, qui, surpris de trouver sa maîtiresse inattaquable de tous côtés, se douta qu’elle avait le cœur pris.

Il la pria de l’avouer naturellement. Angelina lui raconta de quelle manière elle s’était attachée à Antonio et les mesures qu’elle prenait pour sa liberté. Le marquis, touché au vif de la générosité et de la vertu d’une fille aussi sage, la força d’accepter quatre cents pistoles qui manquaient à l’argent qu’elle avait épargné pour la rançon de son amant, qui montait à huit cents. Au lieu de votre amour, lui dit-il, belle Angelina, accordez-moi dorénavant votre amitié : votre candeur et votre constance me la rendent chère. Je veux que vous me regardiez comme votre frère, et vous verrez que je vous servirai utilement.

Il lui tint parole et, par son crédit, les affaires du père d’Antonio s’accommodèrent en partie. Angelina remit les huit cents pistoles au résident de France, qui les fit tenir à Alger au consul de la nation, pour payer la rançon d’Antonio. Cet amant fortuné arriva à Gênes peu de temps après.

Sa maîtresse, après ce qu’elle avait fait, crut pouvoir espérer que le père ne s’opposerait plus au mariage de son fils. Le marquis