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LETTRE V.



L’histoire de Mariette vous aura laissé quelque chose de rude dans l’esprit. Celle des deux Gaumini l’adoucira. Vous connaissez la cadette qui chante dans les chœurs à Paris, et vous pouvez avoir vu l’aînée à Rouen et à Bordeaux. Il lui est arrivé à Toulouse une aventure assez plaisante.

Le baron de S… en était excessivement amoureux. Elle se figura qu’il l’aimait assez, pour pousser la folie jusqu’au point de l’épouser. Elle le proposa au baron, qui, surpris d’une extravagance pareille, ne put s’empêcher de lui dire ce qu’il pensait d’une telle proposition.

La Gaumini ne se rebuta point par le peu de réussite qu’avait eue une première tentative ; elle revint souvent à la charge, et le menaça de le quitter entièrement. Le baron qui l’aimait à l’excès, n’osait rompre avec