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Il aimoit véritablement, et n’était point du tout aimé. Comme il payait excessivement, il passait pour l’amant en place. La Mariette avait soin de lui choisir bon nombre de substituts. Le chevalier d’Albert-Saint-Hippolite était le premier. On prétend même qu’il était le maître du cœur, et que les autres, ainsi que Bouisson, n’étaient faits que pour apporter à l’offrande. Son départ pour Lyon fut un coup de poignard pour son amant. Le pauvre garçon fut près d’un an à pouvoir se consoler.

Elle n’était point d’une pareille affliction. Aussi ne fut-elle pas long-temps sans faire un nouvel amant. Elle choisit Terrasson, conseiller à la Cour des Monnaies, qui jouissait de trente mille livres de rente. Quoiqu’il fût marié, cela n’empêcha pas que ses affaires ne fussent bientôt conclues. Mais ce fut si malheureusement pour lui, que dans deux ans il fut réduit au point d’abandonner sa femme, ses enfans, et de faire une banqueroute de plus de cinq cent mille livres.