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deur… devint amoureux d’elle, et trouva mauvais qu’un gentilhomme de sa suite voulût disputer le cœur d’une femme qu’il aimait. L’Albanais ne croyait point que l’amour exigeât des égards ; et, quand il l’aurait cru, il était trop amoureux pour en avoir. La haine et le dépit agissant sur l’ambassadeur, il l’accabla d’injures, et le toucha si fort que l’Albanais s’oublia jusqu’au point de porter la main sur son maître. Celui-ci jura de le faire périr. Il se plaignit au ministre. L’infortuné amant de la Mariette fut réduit à se sauver ; et, quelque temps après, se trouvant sans argent dans le cœur du royaume, où il se tenait caché, il fut obligé de s’engager. L’ambassadeur étant retourné à… Marc crut pouvoir reparaître. Il était soldat, et n’avait pas un sou pour se dégager. Heureusement son capitaine était de Toulouse. La Mariette, touchée du souvenir des plaisirs passés obtint son congé absolu. N’ayant plus aucune ressource, il se mit danseur à l’opéra. Vous l’avez revu depuis à Marseille, où la Mariette arriva peu après. Elle y fit, au bout de huit jours, la conquête d’un nommé Bouisson, à qui, pendant dix-huit mois, elle a fait plus verser de pleurs que les eœurs de Phaéton n’en répandirent.