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LETTRE IV.



Le premier amant de la Mariette fut le comte de Mirand. Elle était danseuse à l’opéra de Toulouse, lorsqu’il devint amoureux d’elle. Il fut bientôt aimé. Aussi le méritoit-il par sa figure, par son esprit, et par les manières qu’il avait pour elle. Ces bonnes qualités ne le mirent cependant pas à couvert de ses infidélités.

La première que sa maîtresse lui fit fut en faveur d’un Albanais nommé Marc, venu à la suite de l’ambassadeur de … Il la vit, il en devint amoureux. Il étoit riche et bien fait. En faut-il davantage pour émouvoir une fille de l’opéra ? Amour, tu perdis Troyes. Or, précieux métal, que tu gagnes de cœurs ! Le comte fut sacrifié, et l’Albanais obtint autant de rendez-vous qu’il en voulut.

Il sembla que le ciel voulût faire tomber sur lui la perfidie de sa maîtresse. L’ambassa-