Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ainsi, je lui cède tous mes droits : allez, vivez en paix tous les deux, croissez et multipliez ; je ne vous troublerai plus dorénavant. Il leur tint parole, car il quitta Toinon dès ce moment.

Quelque temps après, l’opéra retourna à Marseille ; et Vintimille étant arrivé de ses terres, de Jouques comprit qu’il allait être sacrifié à l’ancien amant ; il se retira, et prit lui-même son congé. Vintimille se remit avec la Campoursi ; mais ils ne restèrent pas longtemps ensemble. Il avait appris une partie de la conduite de sa maîtresse, et des gens charitables prirent le soin de ne pas lui laisser ignorer le reste. Ils se brouillèrent ; et Vintimille s’étant attaché ailleurs, la Campoursi partit pour l’opéra de Lyon.

En y arrivant, elle y trouva Galaudet, cet acteur de l’opéra, qu’elle avait aimé autrefois ; ses feux se rallumèrent ; elle ne put le voir sans sentir qu’il lui était toujours cher. L’absence avait aussi réveillé l’amour de son amant : ils s’aimèrent de nouveau ; mais il leur arriva une étrange catastrophe, quelque temps après le renouvellement de leur connaissance. Ils se plaignirent tous deux que l’amour leur avait prodigué des fruits, dont les fleurs se sèment dans les temples de Cythère. Ils s’accu-