Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/371

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

désagréable. Le frère de de Jouques, appelé d’Arbaud, officier des galères, qui venait souvent chez la Campoursi, s’aperçut du manège de Toinon.

Il avait une fort belle bague, dont elle avait envie. Il lui proposa de la troquer pour un des rendez-vous qu’elle donnait à son amant. Le parti fut accepté après maintes minauderies. Monvalon se trouvant pressé de quelque nécessité fut fort étonné de voir la porte des lieux secrets fermée et d’y entendre un bruit qu’il était coutumier d’y causer ; la curiosité l’ayant porté à regarder par la serrure, quelle fut sa surprise d’y voir d’Arbaud avec sa maîtresse, qui ne s’amusaient pas à perdre le temps en discours frivoles ! Il fit un tapage enragé à la porte. Ah ! de par tous les diables, disait-il, vous paierez les cinquante louis, M. d’Arbaud ; il ne sera pas dit que vous veniez dépuceler gratis d’honnêtes filles de l’opéra. Les amans furent obligés d’ouvrir la porte. Toinon eut recours aux larmes ; d’Arbaud paraissait honteux du cas : Ho, ho, disait Monvalon, et qui a appris à M. d’Arbaud les plaisirs qu’on goûte dans ces retraites odoriférantes ? Je croyais être le seul à qui le chemin en fût connu ; puisqu’il n’en est point