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vel amant appelé de Jouques, aussi aimable qu’il était facile à tromper : il ne languit pas davantage que ses prédécesseurs, et, dès le second jour, il fut le possesseur des charmes les plus secrets de sa maîtresse.

Elle avait avec elle une sœur qu’on appelait Toinon. Comme sa présence était quelquefois incommode, de Jouques résolut de lui trouver un amant qui l’occuperait, et empêcherait qu’elle ne lui fût à charge. Il choisit pour cet emploi un jeune conseiller au parlement, nommé Monvalon, qui accepta cette charge avec plaisir. La difficulté était de voir Toinon en liberté ; elle était toujours avec sa sœur qui ne la quittait que dans les momens où elle était avec son amant, et alors elle la remettait en garde à sa mère. La cause de ces soins redoublés pour Toinon consistait dans un prétendu pucelage, qu’on disait qu’elle avait, et, dont on exigeait cinquante louis. Monvalon n’était point en état de donner pareille somme, et il voulait pourtant trouver le moyen de se rendre heureux.

Pour y réussir, il s’avisa d’un plaisant expédient. Un jour que la Campoursi ne chantait point et qu’elle avait mené sa sœur avec elle à l’opéra : Tu devrais bien, dit Monvalon à de