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dignes de la sépulture ; mais lorsqu’on sera assez malheureux pour être obligé de leur rendre les derniers honneurs, on joindra, avec le regret de les perdre, tout ce qui pourra faire connaître combien on les estimait.

Ce ne sont pas les seuls Italiens amateurs du spectacle qui pensent de cette façon. Les Anglais, qui se sont acquis à bon droit la réputation de penser juste, nous ont fait sentir notre barbarie dans les honneurs funèbres qu’ils ont rendus à la célèbre mademoiselle Oldfields, la le Couvreur de Londres, enterrées au milieu de leurs rois et de leurs généraux.

Ce sont ces distinctions et ces récompenses qui inspirent aux comédiennes italiennes des sentimens qui sont inconnus aux nôtres ; elles participent à tous les honneurs de la société civile ; elles sont encouragées par les égards qu’on a pour leur talent, et, leur profession n’ayant rien que de brillant, elles tâchent de ne point se rendre méprisables par des débauches outrées.

Nos comédiennes françaises au contraire semblent vouloir profiter de l’idée que nous avons d’elles ; elles usent de l’avantage d’être